Dans ce troisième épisode de The ROOTY Show, nous avons reçu Gérald Faure, entrepreneur digital qui anime le Mastermind Entreprendre. Une conversation sincère sur les vraies étapes de l'entrepreneuriat, loin des clichés Instagram : de la liberté au revenu, puis à l'impact.
L'évolution naturelle : de la prestation au business model
Gérald Faure incarne parfaitement la trajectoire du développeur qui devient businessman. Son parcours démarre classiquement : formation d'ingénieur, création de sites web en PHP procédural, puis agence web. Mais c'est un impayé qui va tout changer.
"Je me suis retrouvé avec un site de e-commerce sur les mains parce qu'on me l'a commandé mais on ne l'a jamais payé. Il était classé premier sur Google et il y avait juste à connecter un PayPal pour encaisser."
Cette anecdote illustre parfaitement comment les meilleures opportunités naissent souvent du chaos. Ce site abandonné devient son premier vrai business et lui permet de sortir progressivement de la prestation de services.
La vision vivide : un exercice transformateur
Contrairement aux méthodes classiques de projection à 30 ans, Gérald a découvert un concept révolutionnaire : la "vision vivide". Au lieu de se projeter dans l'avenir, cet exercice consiste à imaginer sa mort et faire le bilan rétrospectif de sa vie sur cinq aspects : santé, entourage, argent, spiritualité et développement personnel.
Cette approche l'a mené à des transformations radicales : perte de 25 kilos, retour à la pratique religieuse, changement de typologie de business. "Une fois que j'ai compris ça, j'ai perdu 25 kilos. Je suis revenu à l'église. J'ai changé plein de choses parce que je voyais que je voulais vivre des trucs qui allaient dans cette direction."
Les trois phases incontournables : liberté, revenu, impact
Gérald théorise un parcours entrepreneurial en trois étapes qu'il considère comme nécessaires :
Phase 1 : La liberté - S'émanciper des contraintes familiales, sociales ou professionnelles. Pour lui, c'était se mettre à son compte pour échapper aux attentes parentales (rugby professionnel imposé par le père, études d'ingénieur voulues par la mère).
Phase 2 : Le revenu - Accepter l'opportunisme pour générer des revenus, même sans "grande vision". "À l'époque j'avais honte d'être un opportuniste parce que justement on nous vendait la grande vision, mais j'avais honte de gagner de l'argent sans avoir du sens."
Phase 3 : L'impact - Une fois la liberté et le revenu acquis, pouvoir se concentrer sur la contribution et le sens. "Je crois qu'aujourd'hui depuis deux-trois ans que je fais le mastermind, je suis dans ma phase impact."
L'art du détachement comme avantage concurrentiel
Son expérience dans l'e-commerce opportuniste lui a donné un atout majeur : le détachement. "On n'en avait tellement rien à foutre de ce qu'on faisait parce que ça n'avait que pour but de créer du revenu, qu'on se concentrait que sur la performance."
Cette capacité à prendre du recul devient aujourd'hui son principal différenciateur quand il accompagne des entrepreneurs trop attachés à leur expertise : "Ce qui tue les entrepreneurs, c'est le manque de détachement qu'ils ont avec leur propre business."
L'IA comme accélérateur de stratégie
Sa vision de l'intelligence artificielle est pragmatique et éclairante. Pour lui, l'IA excelle dans la production une fois la stratégie définie, mais ne remplace jamais l'intelligence humaine dans la réflexion stratégique.
"L'IA, ce qui est trop bien, c'est que ça nous permet de produire le livrable une fois qu'on a une stratégie clairement définie. C'est comme si on avait un maçon robotique, mais l'architecte, on ne peut pas le robotiser."
Il utilise notamment l'IA pour analyser ses réunions et extraire automatiquement punchlines, croyances limitantes, questions et conseils qui nourrissent ensuite sa ligne éditoriale. Une approche data-driven de la création de contenu.
Le mythe du business parfait déconstruit
Gérald démonte l'illusion du plan parfait : "L'idée qu'un business sera juste du premier coup et qu'il n'y a qu'une seule façon pour le réaliser, c'est un énorme fantasme."
Sa philosophie : la version zéro en urgence. "Si on a une idée vendredi et qu'on a vraiment le feu, le MVP doit sortir lundi pour qu'on puisse mardi ou mercredi analyser si ça nous plaît toujours, si c'est écologique pour nous, s'il y a une début de traction."
L'authenticité avant tout
Ce qui frappe chez Gérald, c'est sa sincérité. Il assume ses contradictions (vendre du conseil en disant qu'il faut tester), reconnaît ses limites (manque de sensibilité artistique), et partage ses vulnérabilités. Cette authenticité devient elle-même un atout business dans un monde saturé de discours marketés.
L'importance du contexte dans les conseils
Contrairement aux "golden boys de Dubaï", Gérald revendique sa réalité de père de famille avec ses contraintes : "On assume, on a un chien, des gosses, une baraque et des machins. On ne se sent pas forcément représentés par les Golden Boy de Dubaï."
Cette approche résonne avec son public cible d'entrepreneurs "normaux" qui jonglent entre vie familiale et ambitions business.
La transformation du web par le retour aux basiques
Son impact sur l'évolution du web ? Un retour salutaire aux fondamentaux. Alors que le marché se complexifie, Gérald prône la simplicité stratégique amplifiée par l'IA pour l'exécution. Une vision qui s'aligne parfaitement avec notre approche chez ROOTY : maîtriser les basiques avant d'optimiser.
FAQ : L'entrepreneuriat authentique selon Gérald Faure
Comment savoir si on est prêt à passer de la prestation au business model ? Il n'y a pas de "moment parfait". L'opportunité se présente souvent de manière inattendue, comme l'expérience de Gérald avec son site impayé. L'important est de saisir l'occasion et d'itérer rapidement.
Peut-on vraiment réussir sans vision à long terme ? Oui, selon la théorie des trois phases. La vision peut venir après la liberté et le revenu. L'opportunisme assumé peut être une étape nécessaire avant de trouver son impact.
Comment concilier authenticité et performance business ? En acceptant ses contradictions et en les assumant publiquement. L'authenticité devient un différenciateur dans un marché saturé de discours parfaits.
L'IA va-t-elle remplacer l'intelligence humaine en business ? Non, elle excelle dans la production mais pas dans la stratégie. L'humain reste indispensable pour définir le "quoi" et le "pourquoi", l'IA optimise le "comment".
Comment éviter la paralysie de l'analyse ? Appliquer la règle du vendredi-lundi : idée le vendredi, MVP le lundi, analyse le mardi. Privilégier l'action à la réflexion excessive.
Est-il possible de donner des conseils business sans avoir tout réussi ? Oui, mais en étant transparent sur son contexte et ses limites. La légitimité vient de l'expérience vécue, pas de la perfection atteinte.
Comment utiliser l'IA concrètement dans son business ? Commencer par l'analyse (meetings, data) puis la production de contenu une fois la stratégie définie. Éviter de déléguer la réflexion stratégique à l'IA.
